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13/10/2015 : Journal La Provence:Interview d’Agnès Daures, syndicaliste aux Finances publiques et secrétaire générale de l’union locale CGT d’Aix-en-Provence

"Une attaque en règle contre la CGT" (Agnès Daures)
Economie
Lundi 12/10/2015

Reprise des locaux de la bourse du travail, enjeux locaux et défis nationaux, Agnès Daures, à la tête de l’union locale de la CGT depuis juin 2014, fait le tour des sujets d’actualité

L’article en ligne sur le site de La Provence

Agnès Daures est secrétaire de l’Union locale de la CGT du pays d’Aix. Elle évoque pour La Provence l’actualité du syndicat, ses objectifs, au niveau local comme national.

La Provence : La mairie veut reprendre les locaux de la Bourse du Travail, que la CGT occupe depuis 1922. Comment réagissez-vous à cette décision ?
A.D. "Le 30 septembre, nous avons reçu une lettre en recommandé de la mairie, sans aucune autre communication préalable, nous informant qu’elle mettait fin à la convention de mise à disposition des locaux. Dans ce courrier, elle nous somme de vider les lieux pour le 30 octobre. On a trouvé le procédé violent. Mon sentiment, c’est que c’est suffisamment grave pour qu’on demande à être reçu en urgence, ce qui sera fait le 14 octobre prochain, par Mme Joissains. Je le perçois comme une attaque politique contre la CGT, et c’est la même chose dans plusieurs communes en France actuellement : Aubagne récemment, Toulouse, Nice, Villejuif... C’est une attaque en règle contre la seule organisation qui s’oppose aux réformes antisociales qui nous sont actuellement imposées, avec ce leitmotiv : baisser le coût du travail. Mais nous, nous disons que le travail ne coûte pas, il rapporte, c’est l’actionnariat, qui coûte. Pour en revenir à Aix, tous les copains sont mobilisés pour conserver la Bourse du Travail. Je suis optimiste, parce que ces endroits sont particuliers, celle d’Aix remonte à 1922, c’est un patrimoine représentatif du mouvement ouvrier depuis le siècle dernier.

La Provence : Le rôle de ce lieu, c’est aussi de recevoir des salariés en demande d’aide ou d’information, dans un territoire qui accueille de nombreuses petites entreprises où il n’existe pas de représentants syndicaux...
A.D. Tout à fait. Le paysage salarial du pays d’Aix a changé. Avant, c’était beaucoup plus industriel, avec Thomson, Coq, les Allumettes qui ont fermé dans les années 70 et 80. Aujourd’hui, il s’agit avant tout de commerce et de services. Les grosses zones d’activités pour nous, qui "couvrons" une dizaine de communes en plus d’Aix, c’est le centre-ville, la zone des Milles, la Duranne, la Pioline, soit environ 28 000 salariés, ainsi qu’Eguilles et Venelles. Avec, donc, pas mal de TPE qui comptent une dizaine de salariés sans représentant. Ils ont besoin de renseignements avec tout ce qui leur tombe sur la tête. La zone de Rousset, elle, dépend de l’union locale de Gardanne, mais nous avons un regard dessus, car ce périmètre change aussi, passant d’une vocation industrielle à davantage d’entreprises de logistique.

La Provence : Pour quelles raisons les salariés viennent vous voir, principalement ?
A.D. Il s’agit avant tout de cas de harcèlement, de non-paiement des heures sup, de modification de contrats, de burn outs... Ces gens-là, dans leur entreprise, n’ont aucun recours. Nous aidons aussi, lors de trois permanences hebdomadaires, lors des entretiens préalables à sanction ou licenciement.

La Provence : Comment se répartissent, dans le pays d’Aix, les syndiqués à la CGT, entre public et privé ?
A.D. 54 % pour le public, et 46 % pour le privé. Dans la première catégorie, on retrouve l’hôpital, Montperrin, la Poste, les finances publiques, l’Éducation nationale. Dans le privé, c’est essentiellement le commerce, ou encore la construction. Nous sommes représentés dans tous les secteurs d’activités de la zone. Nous sommes à plus de 2100 syndiqués dans le pays d’Aix. Nous allons avoir une centaine d’adhésions cette année, nous progressons chaque année, ce qui nous conforte dans notre conviction.

La Provence : Pour les collectivités locales, c’est plutôt FO qui tient le haut du pavé...
A.D. Oui, à la mairie, c’est un peu le syndicat maison. On entretient des rapports unitaires avec eux, nous avons des relations correctes. Actuellement, il y a le passage à la métropole, avec des agents inquiets, à la mairie, à la CPA, au conseil général. La métropole va impacter tout le monde, les sous-traitants pour les marchés publics, mais aussi les transports...

La Provence : Vous évoquez les nouvelles adhésions, mais les syndicats sont moins puissants qu’avant...
A.D. Il y a eu la désindustrialisation, puis la fin de grands groupes, bien sûr. Le travail est de plus en plus sectorisé, avec un éclatement du salariat depuis 30 ans. Mais tous les ans, le chiffre des adhésions augmente pourtant, au niveau local comme au niveau national, même si bien sûr les grands bastions syndicaux n’existent plus. Ils ont tout compris, en face.

La Provence : Quels sont les prochains dossiers au niveau local ?
A.D. Nous nous intéressons à la transition énergétique, avec beaucoup d’acteurs sur le territoire, comme la centrale de Gardanne, Nexcis, Areva, EDF, le CEA. Aujourd’hui, nous assistons à une privatisation de l’énergie ; on devrait avoir une action sur ce sujet bientôt à Aix. Nous veillons aussi au maintien des services publics : en pays d’Aix, ils se réduisent à peau de chagrin. On a la Poste avec les bureaux qui ferment à la demi-journée, dans les quartiers périphériques et dans les villages aux alentours. Les finances publiques ? Maintenant le centre aixois ferme le jeudi. Certains services baissent le rideau à l’hôpital. La Sécu ? De deux centres à Aix, on va passer à un seul à partir de janvier prochain : le pôle de Saint-Donnat va disparaître, il ne restera que celui du Mansard. Sans parler des espaces culturels, comme la galerie du Conseil général sur le cours Mirabeau... En temps de crise, nous avons besoin de ces services publics. La CGT ne va pas laisser faire. Nous avons notamment un rôle d’interpellation des élus.

La Provence : Au niveau national, comment jugez-vous les idées d’Emmanuel Macron ?
A.D. C’est un ancien banquier, un libéral. Il veut nous faire une société à l’anglo-saxonne ... Le travail du dimanche, c’était l’arbre qui cache la forêt. Clairement, c’est la déréglementation du code du travail qui est en route.

La Provence : Quel est votre point de vue sur ce qui s’est passé à Air France ?
A.D. Ca a tourné en boucle, on m’a interpellée là-dessus. Que dire ? Il n’y a personne qui vient tourner des reportages sur ce qui se passe ici, la violence dans les petites boîtes, ou encore ces salariés qui viennent nous voir en pleurant, au bord du burn-out. La violence, la souffrance au travail existent. Quand on vous menace de 2500 suppressions d’emplois, je comprends qu’à un moment donné, les nerfs craquent.

La Provence : Concernant cette violence au travail, vous percevez une évolution ces dernières années ?
A.D. Oui, clairement, le patronat se sent conforté par toutes ces réformes, tout ce qu’il demande, il l’obtient... Maintenant, tout est permis. On voit un changement et une aggravation des conditions de travail".

Recueilli par Julien Danielides

Article publié le 13 octobre 2015.


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