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27/06/2014 : En mémoire de Christophe : le témoignage de ses camarades

La CGT Finances publiques 13 a souhaité rendre hommage à notre camarade et ami Christophe Castan, décédé le 22 juin 2014 à l’âge de 52 ans.

Pour Christophe

J’apporte mon témoignage sur Christophe Castan en tant que militant syndical parce que c’était quelque chose d’important dans sa vie.

J’ai fait sa connaissance au 1/09/1999, lorsque nous sommes présentés en tant que section syndicale aux agents qui arrivaient dans les BDR 132, l’ex DSF d’Aix. Il a immédiatement jugé qu’il y avait de quoi faire syndicalement dans le département et il a proposé le jour même à Marie Pierre d’adhérer au syndicat. C’était la manifestation d’un engagement syndical qui ne s’est jamais démenti.

Christophe a été de tous les combats, 2000 contre le plan Sautter avec le blocage du centre des impôts d’Arles, 2003 contre le projet de loi Fillon sur les retraites avec la longue participation à la grève des collègues d’Arles, 2008 la mobilisation contre le projet de loi Sarkozy. En parallèle il s’est investi dans l’activité inter professionnelle au sein de l’UL d’Arles, il était un pilier des manifestations sur Arles avec la banderole des agents des impôts qu’il avait confectionnée.

Très rapidement, il s’est imposé comme l’animateur sur l’hôtel des impôts d’Arles de ces luttes qui ont été importantes, longues et éprouvantes par la volonté et la capacité qu’il avait d’éviter les divisions, de fédérer et de rassembler les collègues parce qu’il savait que c’est indispensable. J’ai encore en tête les images d’AG qui se tenaient devant l’immeuble des impôts fermé par les grévistes.
C’était un militant impliqué, il venait à toutes les réunions de la CE de la section, il faisait les 144 kms aller retour d’Arles à Aix parce qu’il fallait qu’il donne son avis et participe à la prise des décisions. C’était sa conception d’une organisation syndicale qui vit par le débat et l’échange. Et puis aussi parce qu’il recherchait la convivialité entre collègues et camarades.
Pour lui, ça allait de pair : les tâches syndicales et cette convivialité. C’est pour cela qu’il donnait du relief à nos réunions, il avait le don de les rendre plus vivantes. Nos montées à Paris aussi, comme lors de la manif à Paris contre le projet de loi mobilité en 2008 .

C’était aussi un homme de communication. Il en avait le sens et plus encore le goût. Il était élu en CAP cadre B : lorsqu’un dossier était considéré comme particulièrement délicat, à qui le donnait-on ? A Christophe. Car on savait qu’il saurait le transformer en un éloge vibrant du droit des agents à se défendre. Bien sur personne n’était dupe, lui le premier, mais il se régalait. Quant à la direction, elle ne pouvait que saluer et parfois s’incliner devant une défense aussi brillante.

Au moment où Christophe s’est démené avec d’autres pour faire en sorte qu’au moment de la fusion les collègues d’Arles ne subissent pas les travaux immobiliers pendant de longs mois et qu’ils puissent travailler dans un autre immeuble, il a beaucoup écrit : à la Direction, au CHS, à la Direction générale. Cristophe demandait systématiquement notre avis sur ce qu’il avait écrit. Mais il n’y avait jamais grand chose à modifier parce que le plaisir évident qu’il avait à écrire s’accompagnait toujours du souci que le texte soit irréprochable. La communication était une sorte de passion pour lui.

Au fur et à mesure des années, à force de le connaître un peu plus, j’ai eu de plus en plus le sentiment que l’administration des impôts ou des finances publiques ne permettait pas à Christophe de mettre en œuvre toutes ses dispositions. Il devait s’y sentir un peu à l’étroit. Il ne s’agit pas d’une question de grade. Je crois que sans doute il avait les épaules un peu larges pour le moule administratif.
C’est pour cela qu’il était singulier et qu’il occupait tant de place.
Il était peut-être plus vivant que beaucoup d’entre nous. C’est pour cela aussi que sa maladie nous a frappé de stupeur et qu’il nous manque déjà autant.

Patrice

Pour Christophe

Avec Christophe, nous ne nous sommes pas croisés. Nous nous sommes rencontrés et avons fait chemin ensemble.
Et un chemin dont les détours se sont imposés à nous parce qu’ensemble nous les avions choisis.

Nous ne pouvions envisager que ce chemin serait si court tellement le regard que Christophe portait sur les paysages traversés sublimait notre voyage.

Un chemin qui n’a jamais pu éviter – comment aurions nous pu ?- le banal, l’ordinaire, le commun, mais qui chaque fois que nous les rencontrions et nous y confrontions, c’est par une interrogation, un regard qui frise ou défrise, une pirouette, un autre angle de vue, un commentaire ou un silence que Christophe sublimait le réel et nous entraînait sur ses pas, sur son tempo, dans son sillon. Lui, Christophe, aurait parlé de « groove », mais il n’aurait pas parlé de lui.

Lui l’ami ; le camarade, le rugbyman, le musicien.

De cette amitié, de notre fraternité de militants CGT, la musique est aussi responsable.
Elle l’est par l’émotion, le partage, l’importance du silence et la fulgurance et le transport qu’elle nous procure.
On en avait la chair de poule.

Et la musique, avec Christophe, c’était aussi l’acuité, l’écoute, la précision et la portée des mots et des notes dont la virtuosité faisait mouche, à sa basse et au syndicat, en « session » ou en visite de service auprès des salariés.
C’était se laisser aller mais pas se laisser mener. C’était jouer juste sa partition mais jouer collectif avec les autres, pour tous les autres. Au syndicat comme avec son groupe, comme au rugby.

Jamais de mépris, toujours du respect, même pour l’adversaire. Parfois aussi de la colère parce que justement, Christophe était de ceux qui ne s’habituent pas à l’intolérable, à l’inadmissible, à la condescendance, aux injustices. De la colère mais aussi de l’humour, de la dérision, de l’auto- dérision.

Christophe agissait. Car la colère ne se satisfaisait pas à ses yeux de l’indignation. L’action collective était pour lui la meilleure garantie de l’épanouissement individuel et de l’émancipation, pour sortir de l’ornière et continuer notre chemin .

Comprendre, expliquer, agir, c’est ce que nous avions fait en début d’année en animant ensemble un débat sur l’injustice fiscale à l’union locale d’Arles.
Là encore, lui à Arles, moi à Marseille, nous nous étions fait confiance sur nos interventions et nos analyses, nos thématiques et notre timing. Là encore, la musique avait joué son rôle ! Car il fallait quand même qu’un tel sujet soit vivant, et même un spectacle vivant : pour l’être il fallait que le boeuf se fasse. Il se fit et Christophe mena le débat comme dans un concert. Il jouait à nouveau une partition.

Je pense aussi à cette journée de juin 2013 où il nous avait régalé avec son groupe, les Z’Odils chez Olivier et Hélène, je pense encore à Claude et Nicole nous racontant les séances de la très sérieuse commission de contrôle financier de l’union locale.
Je pense à nos discussions endiablées sur la politique, la poésie, le cinéma dans un troquet de St Andiol, je pense à l’invitation sur le pouce entre 2 visites de services où nous dégustions des mets succulents arrosés à la bonne franquette de vin sublime, juste parce que ce jour là il était à la maison... et il savait que nous étions dans le secteur. C’était tellement simple.

Je pense encore à ce samedi de mars 2014 où nous avons extrait Christophe de l’Hopital nord pour un apéro et un resto avec Cathy, Evelyne, Mathieu et Sylvain.
Lui aussi nous aurait extrait.

Toutes celles et tous ceux qui ont milité avec Christophe savent la chance que nous avons eu de partager l’amitié d’une belle personne.
Nous lui donnions des surnoms, qui le grand châtaigner, qui Castanicca ou bien sûr Cristobal ou directement Castan, parce que ça sonnait trop bien, ça claquait.

Le voyage s’est arrêté pour Christophe, poussé par la maladie dans un taxi pour les galaxies.
Et nous sommes là au bord du chemin.
Et nous savons tous qu’il nous faudra avancer.
Le vent nous portera.

Fred


Article publié le 27 juin 2014.


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