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02/04/2016 : La difficile reconnaissance des maladies professionnelles. Article paru dans La Provence.

Christiane était militante de la CGT Trésor 13 et administratrice de la Sécurité sociale.
Aujourd’hui retraitée et toujours syndiquée, elle continue d’être une "travailleuse utile".
Ses convictions demeurent et son engagement pour les droits des salariés perdure.

Ci-dessous article paru dans la Provence du 01/04/2016.

La difficile reconnaissance des maladies professionnelles
Vendredi 01/04/2016 à 05H59 Martigues

L’Association de défense des victimes de maladies professionnelles (Adevimap) se bat depuis 2002 pour faire reconnaître les maladies professionnelles devant les tribunaux. Un dur combat
La difficile reconnaissance des maladies professionnelles
Christiane De Felice et ses bénévoles se battent au quotidien pour faire reconnaître les maladies professionnelles face à des armées d’avocats. Photo S.R.

S’il est bien un combat difficile, c’est bien celui de la reconnaissance des maladies professionnelles. Aujourd’hui encore, alors même que certains produits - c’est le cas de l’amiante, interdit depuis 1997 - ont été reconnus comme étant cancérigènes, les malades ont du mal à se faire entendre. Pis, le cynisme de certaines sociétés, épaulées par des armées d’avocats, pousse même les victimes à bout. Certaines, face à la lourdeur des procédures qui peuvent traîner plus de quinze ans, jettent carrément l’éponge.

Pourtant, depuis 1992, une association existe pour défendre ces victimes de maladies professionnelles : l’Adevimap (1). A l’origine, elle a été créée par une poignée de bénévoles, parfois malades également, comme Maurice Huc. Ce dernier a passé la main l’année dernière à Christiane De Felice, présente depuis la création, et qui défend, avec force et ferveur, les victimes souvent démunies.

De nouveaux cancers détectés

Jeune retraitée du Trésor public, Christiane De Felice aide, depuis plus de 30 ans, les salariés quels qu’ils soient à lutter, notamment, contre les errances de l’administration. "J’ai toujours été révoltée, assène Christiane. Jusqu’à ma retraite, j’ai aidé l’association comme j’ai pu, en fonction de mon temps et mes compétences. Depuis l’assemblée générale de mars 2015, je me suis intégralement consacrée à ça". Et lorsqu’elle dit cela, Christiane ne plaisante pas. Chaque semaine, ce sont une quarantaine d’heures au bas mot, qu’elle consacre à l’Adevimap. "Si un employeur m’avait demandé de faire ce que je fais aujourd’hui, je lui aurais demandé s’il n’était pas un peu fou", plaisante cette militante de la CGT. Et elle n’est pas la seule. Car l’an passé, la quinzaine d’animateurs de l’association lui ont consacré quelque 5 000 heures. Ce chiffre extraordinaire est, en partie, lié à la recrudescence du nombre de cas de maladies professionnelles à Martigues mais pas que. "Nous intervenons sur 66 communes, et ce malgré la multiplication des associations comme la nôtre, poursuit la présidente. On commence à avoir du recul sur certaines maladies liées à l’amiante mais nous avons de nombreux adhérents atteints de pathologies diverses liées à l’utilisation de produits toxiques sur leurs lieux de travail". Ainsi, après ceux dits "de l’amiante", l’association voit désormais exploser les cas de cancers liés à l’utilisation de goudron, à l’exposition aux hydrocarbures aromatiques (cancers de la vessie et leucémies en lien avec des HAP, le benzène...). Parmi les 136 dossiers ouverts l’an passé - ce qui porte le total à 1651 dossiers traités par l’association -, Christiane De Felice a eu la douloureuse surprise de recenser un premier cancer de moelle osseuse chez un ancien salarié d’une grande usine du Golfe de Fos-sur-Mer. "Nous sommes aidés par un médecin qui est notre référent au niveau national, poursuit la présidente. Il regarde tous les dossiers et nous permet d’étayer nos argumentations scientifiques. Nous travaillons aussi avec un cabinet d’avocats qui porte nos dossiers devant les différentes juridictions". Prochainement, (le 28 avril) l’Adevimap se rendra à Aix-en-Provence où elle organisera un rassemblement devant la Cour d’Appel. "On a du mal à accepter certains jugements, conclut la militante. Lors d’un dernier procès, nous avons dû affronter des avocats cyniques qui ont fait pleurer une victime en contestant les preuves médicales de son cancer. Ils nient le fait que les personnes soient malades malgré les arguments médicaux. Certains juges prennent aussi les malades pour des moins que rien. Je me souviens par exemple d’un juge du tribunal de la Sécurité sociale qui a dit à un malade "vous croyez que vous êtes malade ! Bougez-vous !" Ce n’est pas normal. Enfin, on voit que la tendance actuelle est de vouloir faire baisser les indemnisations judiciaires des victimes. C’est un véritable scandale".

Fort heureusement, les bénévoles de l’Adevimap ne baissent jamais les bras. Malades ou pas.

(1) Adevimap. Association de défense des victimes des maladies professionnelles. 14 cours Aristide-Briand. 13500 Martigues. 04 42 43 50 23 www.ademivap.net

Jean-Michel : "J’en ai pleuré"

Jean-Michel Théret a passé quarante ans de sa vie chez ArcelorMittal. D’abord à Florange puis à Fos-sur-Mer avant de prendre une retraite méritée l’an passé. Il y a sept ans, son médecin a découvert des plaques pleurales - liées à l’absorption d’amiante - dans ses poumons. Il entame alors les procédures en rejoignant l’Adevimap. Mais il y a quelques semaines, il a vécu une très mauvaise expérience lors d’un procès à Aix-en-Provence. "Ce qu’il s’est passé est scandaleux, s’emporte ce sexagénaire. L’avocat d’Arcelor a dit de moi que je n’étais pas malade. Que ce que j’avais était dû à la cigarette alors que j’ai arrêté de fumer il y a quarante ans. J’en ai pleuré. J’ai demandé à prendre la parole parce que j’ai trouvé scandaleux cette déclaration de l’avocat. Qu’il défende l’employeur, c’est tout à fait normal mais qu’il se permette de juger mon état de santé alors même que mon dossier médical est carré, ce n’est absolument pas normal, ça me révolte". Jean-Michel est d’autant plus scandalisé qu’il sait que sa santé ne tient désormais plus qu’à un fil. "A Florange, j’ai travaillé au contact de l’amiante. A Fos, il y en avait plein la cokerie. J’ai respiré du goudron, des HAP, de l’ammoniac. On me dit que je risque désormais un cancer du poumon, un cancer du rein, un cancer de la vessie. Je ne suis pas à l’abri." Enfin, Jean-Michel en veut à la médecine du travail coupable, selon lui, de fermer les yeux. "Chaque fois qu’on passe des examens, on nous dit que tout va bien. On nous fait passer des radios au lieu de nous faire passer des examens plus poussés. Mais sur les radios, on ne voit rien. On constate aujourd’hui le résultat."

Stéphane Rossi

Article publié le 2 avril 2016.


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