vous êtes ici : accueil > Actualités > Finances publiques (DGFIP)

Vos outils
  • Diminuer la taille du texte
  • Agmenter la taille du texte
  • Envoyer le lien à un ami
  • Imprimer le texte

15/04/2021. La Marseillaise : Quelles sont les limites de la dématérialisation des services publics selon vous ?

Philippe Laget : On rentre dans une phase où l’administration prend le prétexte de la pandémie pour obliger le contribuable à utiliser internet. On a une grande partie de la population, en particulier dans les Bouches-du-Rhône, qui ne maîtrise pas internet ou celle d’un certain âge qui en a un peu peur et qui se retrouve démunie. Bientôt, la seule alternative pour les contribuables, ce sera sur les smartphones ou alors d’utiliser internet pour avoir des réponses. La fiscalité, c’est quelque chose de complexe. Chaque année, les lois changent, vous ne pouvez pas tout maîtriser et vous avez besoin d’un interlocuteur pour comprendre. Le langage administratif n’est pas facilement lisible, il est rédigé essentiellement par des technocrates, on a besoin d’une présence humaine pour pouvoir être sûr de bien comprendre les documents administratifs. Quand je reçois un contribuable, je vois dans son regard s’il comprend ou si je dois reformuler. Ce qui n’est pas le cas d’un document administratif, vous l’avez devant vous, il est froid et rigide et vous devez faire avec.

Le but est de faire des économies au détriment des agents et des usagers ?

P.L.  : Le prétexte de la technologie pour supprimer des emplois, faire des économies budgétaires, ça va se retourner contre la population. Pour nous, le fait de retirer cette présence humaine, c’est un recul du service public. Nous sommes payés pour être à la disposition des usagers. Ceux qui sont réfractaires au tout numérique doivent avoir le choix.

Que craignez-vous à long terme ?

P.L. : Notre crainte, c’est que le service public reculant, des sociétés vont se monter pour aider les contribuables à rédiger leurs déclarations ou faire des saisies. Les fonctionnaires sont soumis au secret professionnel, ces prestataires privés auront accès à toutes les informations privées des usagers et pourront manipuler les personnes âgées par exemple. Les plus précaires vont aussi être mis de côté. Le service public c’est la richesse de ceux qui n’ont rien, on risque de laisser toute une partie de la population seule.

Article sur le site de la Marseillaise

Article publié le 15 avril 2021.


Politique de confidentialité. Site réalisé en interne et propulsé par SPIP.