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20/05/2020 : Je te prends un peu des sous pour ne pas avoir à t’en donner, car en toute chose, il faut considérer la fin. Sur les 10 jours de congés prélevés d’office par Darmanin, Dussopt, Philippe et Macron. Et aussi par Fournel.…

Quel tourment que d’avoir la comptabilité débit-crédit comme seule approche de l’administration des choses… Nous avons pu nous en rendre compte en constatant l’état dans lequel les politiques « publiques » menées depuis des décennies ont laissé l’hôpital public.
Ce n’est pas le seul secteur public en crise « provoquée », en sédation comptable. Mais à l’heure de l’urgence et de la réactivité face à la pandémie Covid, c’est de Vidoc en plus de médocs dont nous aurons besoin pour que les mêmes causes ne produisent plus les mêmes effets !

Face aux milliers de morts, au marché de Rungis transformé en plate-forme mortuaire, à la sur-infection du personnel soignant par le covid-19, face à la crise sociale générée par la crise économique révélée par la pandémie, pouvons-nous évoquer décemment la question des 10 jours de congés retenus d’office pour les fonctionnaires confinés en « autorisation spéciale d’absence » ?

Pour la CGT, la réponse est OUI.
Oui, et même indispensable pour pouvoir dénoncer le cynisme de nos gouvernants.

La question du comment ces jours vont être retirés d’office occupe et c’est normal. Nous nous battons avec les autres syndicats contre cette oukase.
Les fonctionnaires ne sont pas responsables de leur confinement, comme ils ne sont pas responsables de l’incapacité de l’État et de leur administration à fournir les outils nécessaires au télétravail.

Comment considérer des affirmations de la Direction Générale, telles que « priorité au nettoyage », priorité à la désinfection », priorité au télétravail dans cette période ?

Répétées à longueur de communiqués aux agents, alors même que le nettoyage est plus que perfectible voire calamiteux dans la majorité des services tandis que la désinfection est une vue de l’esprit et qu’enfin, concernant le télétravail- qui aurait évité des ponctions de jours de congés- aucune commande supplémentaire de PC portables n’a été faite, qu’aucune clé USB bootable n’a été distribuée, que les protocoles VPN sont contingentés et le protocole Tiny… tardif et confidentiel.

Sur ce dernier point, il convient d’adapter la technique aux objectifs. Même si les équipes DISI se sont décarcassées pour préparer les PC redéployés, n’est-ce pas misérable pour les directions locales d’en être réduite à réquisitionner les PC portables d’autres agents (vérificateurs, huissiers) pour les redistribuer aux missions prioritaires en attendant de récupérer ceux des stagiaires à partir de juin ?

Oui, gouverner c’est prévoir, et ceux-là mêmes qui ont des tas d’exigences « d’excellence » envers leurs subordonné.es -par exemple l’évaluation professionnelle- se verront-ils appliquer le même degré d’exigence et par qui ? Mystère, sauf à faire une évaluation à 360° !
Peut-être que pour les responsables politiques… la justice s’en chargera au vu du nombre de plaintes déposées.

Mais revenons sur le degré d’exigence envers les subordonné.es et l’oukase des 10 jours de congés.

De grâce, évacuons le principe moralisateur et toute auto-flagellation sur la comparaison avec le privé et le chômage partiel : la période a été propice à des passages en force sur les reculs de droits sociaux et ce n’est pas aux fonctionnaires de faire acte de contrition, d’autant que l’inactivité de 30 % d’entre-eux aux Finances publiques est du fait de l’employeur, incapable de fournir les outils de télétravail, et du respect des règles de confinement.

Ensuite, quelle est la raison de l’ordonnance fixant à 10 jours le nombre de jours de congé prélevés d’office ?

D’abord, une décision purement idéologique, où la motivation première consiste à conjuguer deux préjugés ; celui de la prise massive de congés par les agent.es à l’issue de la période de confinement (les ponts du mois de mai) et celui de la concentration des droits à congés non pas sur une année civile, mais sur le second semestre. Diantre, comment vont tourner les services et qui va rattraper le retard !? Mais les suppressions d’emplois, elles continuent et le « nouveau réseau », le démantèlement des services, aussi.

Rappelons tout de même l’existence de grandes inconnues, comme par exemple l’ouverture permanente et pérenne des crèches, écoles, collèges ou encore le risque d’un « rebond » éventuel de la maladie et le nécessaire re-confinement des agents dits fragiles, celles et ceux dont la pathologie entraîne un risque aggravé, etc. Puis les congés scolaires avec certainement la quadrature du cercle pour les parents…

Alors pourquoi supprimer 10 jours de congés ou RTT ?
Les éléments de langage fournis à l’administration sont simplistes : « les agents auraient pris ces jours en temps normal ». Et alors ? Est-ce une raison suffisante pour leur supprimer ce droit ? Non.

Par contre, si les agents, y compris pour nécessité de service, se voient conserver au 31 décembre un nombre important de jours de congés annuels (20 CA doivent avoir été consommés) et de jours ARTT, ils peuvent les verser sur leur compte épargne temps (CET).

Et ces jours deviennent monnayables !
Et c’est ce que ne veulent pas nos ministres !

D’où la mesquinerie des jours fractionnables non générés par les congés imposés sur la période 16 mars/31 mai, lesquels auraient abondé le solde éventuel de congés disponibles.

Sur un régime commun, 38h00 ou 38h30, à temps plein ou partiel, 10 jours en mois prélevés d’office et 20 jours de congé (CA) à utiliser dans l’année civile, cela réduit d’autant le solde éventuel reportable sur le CET et donc le nombre de jours monnayables !

Ainsi, l’administration comptable des choses se révèle.

Avec une moyenne de 30 % d’agents en ASA à la Drfip13 soit 726 agents depuis le 16 mars 2020, d’après les statistiques fournies :

 considérant (nous n’avons pas la répartition par catégorie) 242 agents C, 242 agents B et 242 agents A
 le rachat de 10 jours de congés sur le CET soit 242 x 10 x 125€ pour la catégorie A, soit 302500 euros
 le rachat de 10 jours de congés sur le CET soit 242 x 10 x 80€ pour la catégorie B soit 193600 euros
 le rachat de 10 jours de congés sur le CET soit 242 x 10 x 65€ pour la catégorie C soit 157300 euros

Le prélèvement de 10 jours de congés pour les agents de la Drfip 13 en ASA enfants ou personnes fragiles, c’est une « économie » potentielle de 653 400 euros .

A cela se rajoute les économies sur les jours prélevés au prorata pour les agents présents ou en télétravail de manière discontinue diminué du prorata pour les agents à temps partiel en ASA.

Voilà que cette ordonnance scélérate du 15 avril 2020 prend tout son sens pour nos ministres.

Rapportée à l’effectif de la DGFIP, cela génère une « économie » certaine. Au niveau fonction publique, beaucoup, beaucoup plus. La prime aux « soignants », ne coûtera pas grand-chose.

Allez zou, au boulot !

Article publié le 20 mai 2020.


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